Les villas historiques de Cannes : le charme d’antan

L’histoire de Cannes se raconte à travers ses villas emblématiques, témoins d’une époque où la ville attirait aristocrates, artistes et voyageurs du monde entier. Architecture, élégance et héritage culturel s’y rencontrent pour offrir un voyage dans le temps au cœur de la Côte d’Azur.
Ancien bâtiment à Cannes rappelant l’architecture des villas historiques de la Côte d’Azur

Villas Cannes : quelles sont les plus belles demeures historiques de la Côte d’Azur ?

Cannes ne se résume pas à son célèbre festival du film et à sa promenade de la Croisette. Son patrimoine architectural regorge de splendeurs insoupçonnées : les villas cannes historiques. Ces résidences majestueuses, souvent cachées dans des parcs verdoyants, incarnent l’âge d’or de la Riviera, fréquentée par une élite internationale en quête de soleil et de raffinement.

Villas Cannes : la Villa Domergue, à l’image des palais et jardins vénitiens

Située dans le célèbre quartier de La Californie de Cannes, dominant la Méditerranée et le massif de l’Estérel, la Villa Domergue est un véritable lieu d’art créé sous l’initiative de l’artiste Jean-Gabriel Domergue. En 1926, il achète le terrain au 15 avenue Fiesole à Cannes et fait construire sa superbe demeure avec l’aide des architectes Émile Molinié et Charles Nicod trois ans plus tard. Son architecture singulière se caractérise par une façade aux proportions harmonieuses, ornée de loggias élégantes et de colonnades rappelant les palais bordant le Grand Canal. Les influences italiennes se manifestent également à travers ses fenêtres cintrées, ses balustrades ouvragées et ses terrasses offrant une vue panoramique sur la baie de Cannes et les îles de Lérins.

Le véritable chef-d’œuvre de la propriété réside peut-être dans ses jardins en terrasses, conçus personnellement par Odette Domergue. Ces espaces paysagers s’inspirent directement des jardins secrets des palais vénitiens avec leurs fontaines ornementales, leurs bassins aux reflets azurés et leurs statues disséminées parmi une végétation méditerranéenne luxuriante. L’agencement en terrasses successives, typique des jardins vénitiens adaptés aux contraintes topographiques, permet ici de créer différentes ambiances et points de vue sur la Méditerranée.

Acquise par la ville de Cannes en 1973, la villa accueille désormais des expositions temporaires, des concerts de musique classique dans le cadre enchanteur de ses jardins et sert d’écrin prestigieux à certaines réceptions du Festival de Cannes.

Villa La Californie : une des villas cannes, refuge de Pablo Picasso

Parmi les villas emblématiques de Cannes, la Villa La Californie occupe une place particulière dans l’histoire de l’art moderne. Acquise par Pablo Picasso en 1955, cette demeure Belle Époque située dans le quartier éponyme est devenue le refuge méditerranéen du maître espagnol jusqu’en 1961, date où il décide de quitter sa propriété à cause de la construction d’un immeuble qui cache la vue. Mais avant cet évènement, depuis ses fenêtres, l’artiste pouvait contempler le panorama s’étendant du Vieux Port jusqu’aux Îles de Lérins, source d’inspiration majeure pour ses œuvres de cette période.

Avec ses volumes généreux et sa luminosité exceptionnelle, la villa s’est transformée en véritable atelier où Picasso a créé certaines de ses séries les plus célèbres comme La Baie de Cannes réalisée en 1958. Les après-midi, l’artiste aimait se promener dans le quartier du Suquet pour admirer notamment l’Église Notre Dame d’Espérance qui semblait le fasciner par son architecture médiévale contrastant avec la modernité de son propre travail. La proximité avec l’Hôtel de Ville de Cannes lui permettait également de participer aux évènements culturels organisés par la municipalité.

En 1987, Marina Picasso, sa petite fille, hérite de la demeure et procède à des travaux de restauration. Dans la foulée, elle décide de la rebaptiser « Pavillon de Flore ». D’une superficie de 1200 m2, la villa se trouve au cœur d’un parc et dispose d’une piscine.

Villa Éléonore-Louise : la beauté du style néo-classique

Non loin du Vieux-Port, la Villa Éléonore-Louise incarne à merveille le raffinement néo-classique. Cette demeure fait partie des premières villas à Cannes, édifiée en 1936 par Louis Larras sous l’impulsion de Lord Henry Brougham. Elle marque le début de la ville comme destination d’hivernage prisée par l’aristocratie britannique.

Historiquement, c’est lors d’un voyage en Italie en 1834 que cet homme politique, écrivain et orateur britannique découvre Cannes. Contraint de rebrousser chemin avec sa fille Eléonore-Louise à cause d’une épidémie de choléra, il débarque alors sur la zone côtière et tombe littéralement amoureux des lieux. Il décide d’y construire la villa en hommage à sa fille décédée avant le début de la construction.

Comme le déclarait l’historien Jules Bertaut, cette résidence est un endroit où « l’on avait des échappées grandioses sur la mer et la montagne ». Ses jardins luxuriants composés d’essences rares et tropicales offraient une vue privilégiée sur la mer pour permettre la contemplation des îles de Lérins à l’horizon. La Villa Éléonore-Louise est le point de départ de l’engouement international pour Cannes et pose ainsi les fondations de ce qui deviendrait une destination de luxe mondiale, bien loin de la petite ville de pêcheurs qu’elle était alors, nichée au pied du Suquet et son Église Notre-Dame d’Espérance. Aujourd’hui, la villa est transformée en copropriété au 24 1e maison avenue du Docteur Picaud à Cannes.

Villa Fiorentina : ambiance néo-renaissance sur la Croisette

Dominant la célèbre Croisette, la Villa Fiorentina est un exemple éclatant de l’architecture néo-Renaissance italienne à Cannes. Érigée au début du XXe siècle, cette magnifique demeure est une ode à l’opulence et au raffinement. Elle a été édifiée par un parlementaire anglais Sir Julian Goldsmith avant d’être achetée en 1894 par Philippe Comte Vitali. La pièce maîtresse de cette demeure est son parc verdoyant, initialement à l’Anglaise et transformé en style toscan par son nouveau propriétaire. Les terrasses rassemblent des fleurs et plantes ornementales, des fontaines, des bassins, des puits vénitiens, des statues et un temple d’amour. Une rivière artificielle a également été créée pour apporter une ambiance encore plus féérique à la villa. Sur la rive gauche, une chapelle d’inspiration florentine ainsi qu’un jardin d’hiver ont été aménagés. En 1953, le peintre Emmanuel Bellini fait acquisition de cette chapelle pour la transformer en atelier. Aujourd’hui, elle est appelée Chapelle Bellini et a été transformée en musée.

Villa Romée : un écrin d’art et de sérénité

Nichée dans le quartier de La Croix-des-Gardes qui a aussi donné son nom à un château mythique, la Villa Romée est une autre perle architecturale de Cannes, souvent plus discrète mais non moins fascinante. Elle a été édifiée en 1928 par l’architecte Georges-Henri Pingusson en collaboration avec l’architecte Paul Furiet. Les deux concepteurs s’inspirent du style régionaliste avec des éléments d’art moderne que l’on retrouve habituellement sur les créations de l’architecte américain Frank Lloyd Wright comme des ouvertures en hublot, des balcons en lignes droites ou d’imposants porte-à-faux. La demeure a été commanditée par Marielle Octavie Aron, une riche mécène du monde du théâtre qui l’a revendu en 1935. Inscrite au des monuments historiques par arrêté du 25 mars 1994 et titulaire du label « Patrimoine du XXème siècle », la Villa Romée est un exemple parfait de ces résidences privées cossus qui ont contribué à la renommée de Cannes. Sa présence discrète sur les hauteurs ajoute à la mosaïque historique de Cannes et complète l’image d’une ville où le luxe et l’histoire se côtoient harmonieusement.